La mémoire de la porcelaine est redoutable. La structure obtenue tend à revenir vers sa forme de départ. Pendant le montage, tout mouvement de pression ou de relâchement doit s'accomplir insensiblement, mais sans hésitation. Toute brusquerie est un traumatisme, toute faiblesse est une démission qui s'inscrit dans la matière comme dans le vécu d'un être. La cuisson, comme la vie, se chargera de tout faire ressortir. Le jour où l'on connaît suffisamment sa porcelaine pour prévoir ses réactions, respecter son tempérament, tourner devient un bonheur absolu. La blancheur de la pâte, la douceur de son toucher, sa réponse au moindre geste rendent le tournage comme transparent. Il n'y a plus la main du dehors et celle du dedans. Il n'y a plus d'argile, mais simplement du vide en train de prendre forme.
- Isbn
- Ean 9782915543001
- Auteur Jean Girel
- Editeur Jean-Claude Béhar, Collection : Sagesse d'un métier
- Langue fr_CH