Matteo Gonet apprend à souffler le verre en sillonnant l’Allemagne, l’Italie, la France ou encore l’Angleterre dès son plus jeune âge. Depuis aujourd’hui plus de 25 ans, il maîtrise cet art du feu qui implique un travail du corps dans son intégralité : la force et la finesse du geste, la précision du souffle et la concentration de l’esprit doivent se rencontrer afin de transformer un amas de matière incandescente en un objet unique et précis en l’espace de quelques secondes. Artiste de génie et artisan talentueux, il a su mettre des traditions ancestrales qu’il maîtrise à la perfection au service de la modernité. Qu’il s’agisse de soutenir des plaques de marbre par des globes de verre ou de façonner près de 8000 sphères colorées pour orner un bâtiment, le maître verrier peut répondre aux envies les plus irrationnelles des nombreux designers, architectes, artistes et scénographes avec lesquels il collabore depuis son atelier situé dans la banlieue de Bâle. Et si, à l’époque, c’est l’homme qui voyageait en quête d’expériences, aujourd’hui ce sont ses œuvres qui se dispersent de par le monde.
Dans la mer des possibles, ces trois hommes n’étaient pas destinés à se rencontrer. Les vents de la création les ont pourtant réunis. Claudio Colucci est designer, un créateur de haut vol qui aime les lignes épurées et dynamiques, les formes sensuelles pleines de mystères et parfois d’humour. Nicolas Berthoud est maître voilier. Les voiles n’ont plus de secrets pour lui qui a participé à plusieurs courses autour du monde et dont les résultats sportifs parlent d’eux-mêmes. Jacky Riesen, quant à lui, est lustrier. Il maîtrise les jeux d’éclairage et donne vie aux rêves les plus lumineux. De la rencontre improbable de leur savoir-faire respectif est né un concept de lampes inédites en voile de bateau: par un savant jeu de coutures et de pliages, la toile se dresse, seule, uniquement soutenue par aimant. La lumière douce et chaleureuse qui en émane reproduit, à la maison, l’ambiance d’un jour de grand beau sur le lac Léman, quand la brise vient délicatement caresser la voile du bateau.
Si l’homme semble plutôt discret et préférer se vêtir de nuances sombres, il n’en est rien pour l’artisan tapissier. Pour ses créations, Vladimir Boson aime les couleurs éclatantes, les tissus aux motifs audacieux et les formes atypiques. Son savoir-faire exceptionnel lui permet de ne reculer devant aucun défi technique. Sa soif de liberté et son goût du partage le poussent à collaborer avec de nombreux artistes ou designers, à l’instar de Denis Savary. Ce dernier, qui maîtrise avec brio aussi bien le dessin que la mise en scène, aime allier différents univers, comme en témoigne Balla, cet ensemble de sculptures né à la croisée des chemins entre un tipi indien, un costume de derviche tourneur et une soucoupe volante. Dans cette collaboration fructueuse, nous retrouvons ainsi l’univers pop du tapissier et le profond travail de recherches de l’artiste.
Les marques que le temps laisse sur les œuvres d’art sont le terrain d’investigations d’Amalita Bruthus. Pièce monumentale ou toile de maître, toutes peuvent profiter de son savoir-faire. Après un minutieux travail d’analyse scientifique et historique, Amalita Bruthus décortique les objets qu’elle restaure afin d’en percer les secrets. Matières, formes, couleurs, origine, auteur : aucun élément n’est laissé au hasard. Une fois immiscée dans cette intimité, c’est au tour de sa maîtrise technique d’entrer en scène. Elle restaure les objets et, grâce aux soins prodigués, la beauté d’autrefois refait surface. Parmi les différentes œuvres qui sont passées entre ses mains expertes, on compte notamment la fontaine du Sauvage de Delémont. Les muscles abîmés par des années de pollution et par des peintures synthétiques ont retrouvé leur force et leur vigueur, les teintes délavées et les traits tirés ont gagné un nouvel éclat et, ainsi, la sculpture recouvre son élégance et sa stature.
En habiles chirurgiens de l’art, Camille Vaschetto et Sébastien Grau restaurent et conservent l’équilibre des œuvres usées par les âges. Spécialisés dans la restauration de tableaux et de peintures murales ainsi que dans la conservation de la pierre, ils naviguent entre l’art et la technique tout en respectant l’histoire, les matériaux et l’esthétique des œuvres qui passent entre leurs mains expertes. En témoigne la restauration opérée par leurs soins de la brasserie lausannoise La Bavaria : les couleurs d’origine, aussi bien de la devanture que des tableaux intérieurs, ont été débarrassées de leurs vernis oxydés et les usures ont été retouchées. Elles jouissent désormais d’une nouvelle jeunesse et s’exposent fièrement à l’œil émerveillé des passants et clients pour les centaines d’années à venir.
Entre les mains émérites d’Emmanuelle Zem Rohner, la peinture devient polymorphe : elle prend aussi bien l’apparence du bois, du marbre, de moulures que de tapisseries grâce à de savants coups de pinceaux. Au moment de reproduire un décor, l’artiste étudie ses sujets en profondeur, mélange les pigments pour retrouver la teinte idoine et recrée ainsi l’illusion désirée. Ce précieux savoir-faire, elle le met notamment au service du patrimoine, comme en témoigne son délicat travail effectué avec soin au Grand théâtre de Genève. Les escaliers monumentaux de cette institution ont en effet retrouvé leur élégance d’autrefois sous la forme d’une tapisserie scrupuleusement reproduite par notre maître de l’artifice.
Ne vous fiez pas au jeune âge de Mathias Lecocq car ses mains sont le témoin de traditions ancestrales. Avec elles, l’art de sculpter et de tourner le bois en perdrait presque ses secrets. Les branches tournent, les copeaux s’envolent sous les coups des gouges et la beauté intérieure de cette matière noble aux mille essences se révèle progressivement sous nos yeux ébahis. Tantôt sculptures animalières, tantôt lampes aux troncs noueux ou bougeoirs aux formes épurées, ses créations sont le reflet de sa passion brute et de son savoir-faire parfaitement maîtrisé. Par ailleurs, elles nous invitent au rêve et éveillent en nous un irrésistible besoin de les toucher et de ressentir le pouls de la forêt.
À l’image des fils de chaîne et de trame qui vont de pair, Estelle Bourdet combine tradition et modernité pour l’élaboration de ses pièces uniques. En réinterprétant un savoir-faire traditionnel typique de son deuxième pays d’origine, la Suède, elle tisse de larges bandes de tissus collectés pour leur donner une seconde vie. Souvent d’origine domestique, ils investissent à nouveau et sous une autre forme les pièces de la maison, faisant alors apparaître un dialogue formel ou l’émergence d’un souvenir. Quant à la modernité, elle s’exprime au travers de motifs et de symboles extraits d’une collection de dessins digitaux personnels inscrits sur les surfaces textiles. Intuitive, parfois géométrique, l’esthétique générale est réconfortante. Des allers-retours entre l’écran de l’ordinateur où le dessin se conçoit et le métier à tisser tout proche, où la navette concrétise l’esquisse digitale, naissent des ouvrages uniques dédiés à nos espaces domestiques.
En digne héritier des talents de maroquinière de sa mère, Simon Dubouloz travaille le cuir avec justesse, traquant la perfection jusque dans ses moindres détails. Cet amour du travail bien fait, il le conjugue avec sa passion pour la moto. Mécanicien moto de formation, il évolue aujourd’hui en Grand Prix moto. Cette connaissance accrue du terrain lui permet de déchiffrer les besoins des plus grands champions tels que Valentino Rossi. Ses observations l’ont ainsi naturellement conduit à créer des selles ergonomiques, personnalisées et harmonieuses que les adeptes de moto du monde entier s’arrachent, qu’ils soient professionnels ou amateurs. Toujours en quête de défis à relever, Simon Dubouloz aime sortir des sentiers battus : en témoigne son canapé-siège en forme de selle de moto style « café racer », reproduit à l'échelle 2:1 et doté d’une enceinte, qui invite à retrouver les sensations du bitume dans le calme d’un salon.
Une certitude : François Junod est né au bon endroit. A Sainte-Croix, pour tomber amoureux des automates, dans le pays des merveilles mécaniques. La magie de ses œuvres nait de la rencontre de l’art et de la technique, car aucun ne prime sur l’autre. Partant toujours de la sculpture à animer, la mécanique est conçue pour s’y cacher, afin de préserver un part de mystère. François Junod démontre qu’un savoir-faire très particulier et traditionnel trouve toujours autant de possibilité d’innover au 21ème siècle. Et que lorsqu’on présente son savoir-faire avec passion, à travers le monde, il est possible de vivre d’un artisanat de niche en Suisse. Alexandre Pouchkine a inspiré à François Junod la créature mécanique la plus complexe qu’il ait réalisée, pour le moment, et jusqu’au prochain projet hors-normes qui viendra agiter son esprit créatif. Sous son costume de velours se logent quantité de pièces organisés pour animer sa main et son visage avec fluidité. Inlassablement, l’androïde écrit à la plume dans un belle écriture régulière un des 1459 poèmes qu’il compose aléatoirement et qu’il agrémente également de petits dessins. Contrairement à l’automate traditionnel, celui-ci n’écrit pas selon une séquence programmée, on ne peut donc pas prédire quel poème l’automate va écrire.
La collaboration entre le designer et l’artisan d’art est un dialogue qui permet l’exploration de nouvelles pistes, basé sur une curiosité commune pour les possibilités de la matière. Cette entente a réuni Peter Fink et Josefina Muñoz sur des projets communs depuis une première collaboration en 2015. Dès le départ, le dessin, l’intention du designer, réalisé en fonction des méthodes de l’artisan, est étudié soigneusement par les deux acteurs, afin d’assurer la faisabilité du projet et des objectifs communs. Le point de départ du projet présenté est une surface craquelée que la designer découvre sur un objet lors de la première visite à l’atelier du céramiste en 2015. Un flacon sensuel en terre émaillée craquelée est né parce qu’ils ont posé un regard différent sur les surprises du passage au four. Après plusieurs essais, le duo découvre que selon la manière dont l’émail est composé et appliqué, il peut prendre l’apparence d’une matière très fine et régulière, jusqu’à devenir extrêmement craquelée.
Le projet WOODSpirit de Lucas Bessard porte la dynamique des métiers d’art qui évoluent et perdurent, grâce à la relève incarnée par ces jeunes artisans qui repoussent les limites du métier traditionnel. Cet autodidacte a réuni sa passion du travail du bois et celle du ski alpin, pour fabriquer des skis sur mesure, entièrement à la main dans son atelier de l’Isle. Et la performance est au rendez-vous, ce sont des skis modernes et innovants technologiquement qui sont développés par Lucas Bessard avec d’intenses échanges avec son client. Il crée ainsi un pont entre des techniques de travail du bois traditionnelles, orientées vers l’artisanat et la marqueterie, et une utilisation fonctionnelle, moderne et innovante du produit fini. Le design du Power of Nature est pensé de manière à symboliser la multitude de rencontres, d’intersections auxquelles des parcours de vie se croisent, donnant ainsi naissance à la création. Les lignes tracées par les découpes de différentes essences renvoient à ces trajectoires biographiques, tantôt parallèles, tantôt mêlées. La naissance et l’essor du projet artisanal de WOODSpirit est entièrement tributaire de cette multitude d’acteurs, de visions et d’expériences. En ce sens, le travail de Lucas Bessard est rendu possible par un vif esprit communautaire, porteur d’énergie et de croissance, que ce ski vient saluer.
Se saisir d’un mode d’expression artistique aussi exigeant et contraignant que le travail du métal forgé est la marque d’un parcours unique, guidé par la volonté d’une personnalité hors du commun. Bertille Laguet a su, lorsqu’elle est entrée dans la forge de Philippe Naegele à Chexbres, que le destin l’avait dirigée au bon endroit. Si le ferronnier a accepté de transmettre son savoir-faire et de former Bertille Laguet, c’est parce qu’il croit au potentiel du mariage entre artisanat et design. Le projet récompensé par le prix Relève Métiers d’art Suisse est un ouvrage complet et très exigeant, permettant à la ferronnière d’art de perfectionner sa technique, guidée par l’expérience de son maître. Le couple de grives imaginé par Bertille Laguet sécurise la porte du nouveau musée NEST, à Vevey, empêchant le vent de s’engouffrer violemment dans les portes automatiques de l’entrée. Cette sculpture fonctionnelle représente deux grives dos à dos, qui retiennent les portes avec leur bec. L’ensemble du travail s’appuye sur la transformation de profils simples en formes complexes, réunissant plusieurs aspects du métier de ferronnier d’art : éléments forgés, soudés, meulés, sculptés, patinés et des détails délicats comme le plumage des oiseaux.
Im Alter von acht Jahren entdeckt Marc Schweizer durch seine Mutter die Leidenschaft für das Scherenschneiden. Die anfänglich eher traditionellen Motive ändern sich im Laufe der Zeit. Die Nähe zur Natur hatte immer schon einen grossen Einfluss. Sie dient als unerschöpfliche Ideenquelle. Hinzu kommen die teilweise mehrmonatigen Fernwanderungen. An Stelle eines schriftlichen Tagebuches lässt er seine Erlebnisse und Eindrücke in seine Bilder einfliessen. Seine zarte und perfekt symmetrische Arbeit erinnert an japanisches Kamon, aber er ersetzt Tinte und Kompass durch das Schneiden seines Papiers. Die Elemente, wie man sie vom traditionellen Scherenschnitt her kennt, werden rein als grafische Elemente eingesetzt. Es geht nicht mehr darum, inhaltlich eine Geschichte zu erzählen. Viel mehr wird versucht mit Flächen und Formen eine ganzheitliche und harmonische Wirkung zu erzeugen. Die geometrischen Formen, die ausgewogene Verteilung von schwarzen und weissen Flächen, sowie die vertikale Symmetrieachse unterstützen dies. Hinzu kommt der sehr hohe Detailierungsgrad, welcher beim näheren Anschauen eine ganz neue Ebene der Betrachtung eröffnet. Einige Ausschnitte sind so schmal, dass nicht einmal mehr ein Haar hindurch passt. Es ist einerseits die grafische Qualität, anderseits das handwerkliche Geschick, welches dem Bild seine einzigartige Ausstrahlung verleiht.